Yann Cardona, c’est l’artisan que l’on aimerait tous avoir sur son chantier. Avec lui, la qualité des travaux est garantie à 100 % ! En plus, il est éminemment sympathique et, ce qui ne gâte rien (attention au jeu de mots), il parle de son métier comme personne.
Tokster vous présente l’interview « Parle-moi » d’un artisan plaquiste qui n’a pas fini de nous étonner.
Bonjour Yann, les interviews sont comme des conversations, alors je me suis dit que plutôt que de te poser des questions, je vais te demander de me parler le plus simplement de toi, ton entreprise, ton métier, ton parcours, tes rencontres, tes amis, tes clients, tes passions, tes vidéos, tes outils et tes matériaux préférés.
Parle-moi de ton entreprise
« J’ai créé mon entreprise à Albi (Tarn) en 2011. Actuellement, j’ai deux salariés Ludo et Djissati et un apprenti, Mathys qui a 15 ans. Djissati me suivait sur TikTok. Il habitait à Rennes et il est descendu dans le sud pour venir travailler avec moi.
On se déplace aussi sur toute la France pour nos formations sur les joints mécaniques, par exemple avec l’utilisation d’un bazooka. »
Parle-moi de Dylan Touzé
« J’ai tourné et réalisé la première vidéo de Dylan, c’était il y a déjà 3 ans. Il était modérateur sur mon groupe Facebook « Plakist & Co ». J’avais remarqué son travail, alors je lui ai proposé de faire un chantier près d’Albi. Ensuite, il a volé de ses propres ailes. Cela me fait plaisir de voir qu’il a bien évolué. »
«À propos de ton groupe, quelqu’un m’a dit : « Je suis fan de Yann. D’ailleurs, on vient tous les deux d’Albi. Ce qui m’épate, c’est son groupe sur Facebook. Il a réussi à fédérer une communauté de plusieurs milliers de plaquistes (ndlr : plus de 16 000). C’est juste incroyable. »« C’est l’Albigeois Jean-Bernard Melet, le fondateur d’Eldo. Il connaît énormément de monde. Je le remercie pour ses mises en relation. Les recommandations que l’on recueille grâce à Eldo sont une arme redoutable pour tous les professionnels du bâtiment qui aimeraient faire connaître leur entreprise. »
Parle-moi de ton métier
« Je suis plaquiste depuis 20 ans. J’ai commencé en allant aider mon ex-beau-père sur des chantiers. Ça m’a plu et j’ai continué. J’aime surtout le contact avec les gens. On rencontre de superbes personnes. J’aime aussi la diversité des chantiers du pavillon neuf au château à restaurer.»
Parle-moi de Yann, le patron
«Je n’aime pas avoir le rôle du patron qui est toujours derrière ses employés. Ludo, par exemple, était artisan indépendant avant de travailler avec moi. Je lui laisse son autonomie et un maximum de liberté. Si je suis sur un autre chantier, je garde l’esprit tranquille, car je sais qu’ils vont se débrouiller pour gérer les fournitures ou évacuer les déchets. J’ai une excellente équipe.»
Parle-moi de toi, Yann l’homme.
Yann, quelqu’un m’a dit : « Yann est un homme charmant , compétent , naturel et bienveillant. Il est aussi à l’aise pour faire des vidéos sur son activité qu’il ne l’est pas dans la vraie vie face à une caméra pour parler de lui. Il est sincère et pudique . Un homme à connaître absolument. »
« Qui a pu te dire ça ? Quand j’étais ado, j’avais un énorme manque de confiance en moi. J’étais extrêmement timide. Quand j’appelais pur prendre un rendez-vous chez le médecin ou le coiffeur, j’écrivais mon script sur un papier. Autre exemple, quand je traversais la cour de récré, je marchais en baissant la tête. »
Je t’interromps un instant, car les propos d’une autre personne viennent confirmer ce que tu nous racontes : « Pour Yann, les réseaux sociaux l’ont aidé à affronter sa timidité. C’était presque une maladie pour lui. Je pense que c’est sa plus grande fierté. »
« Oui, c’est exact. Ces vidéos m’aident à prendre confiance en moi. Avoir 20 ans d’expérience, avoir du monde qui te suit sur les réseaux sociaux, lire des commentaires bienveillants, c’est une thérapie pour moi. Sans même remonter à mon adolescence, je me souviens d’une vidéo avec les YouTubers Rachel & Emilien à Tourcoing, j’étais rouge comme une tomate et je ne savais pas quoi répondre. Même topo avec Taka Yaka. »
Depuis plus de 6 ans que je fais ces interviews de professionnels connectés du bâtiment, on a évoqué les nombreux avantages des réseaux sociaux, parfois des inconvénients. Mais c’est la première fois qu’un artisan me dit qu’il a vaincu sa timidité grâce aux réeaux sociaux. C’est un avantage de plus, et pas des moindres, à ajouter à cette liste.
Les vidéos t’ont aidé, mais ils aident aussi les autres.
« Oui, c’est le sens des commentaires bienveillants que je reçois. Des personnes me remercient, car ils ont réussi à faire leur maison, à faire des travaux eux-mêmes, d’autres se mettent à leur compte, car je les ai motivés à franchir le pas, etc. Ce sont des messages qui me font chaud au cœur.
Dans mes premières vidéos sur YouTube (Cf. La vidéo avec Dylan), je ne parle pas. Il y avait juste des légendes avec les instructions à suivre comme « placer le laser à tel endroit ». Il n’y avait que des textes écrits, car je ne supportais pas ma voix, je ne supportais pas être filmé. C’était compliqué.
Maintenant, j’adore faire ça. »
Dans son interview, Éric le Carreleur m’a raconté la même chose. Dans ses premières vidéos, il ne parlait jamais. Comme toi, il écrivait ce qu’il faisait.
Et c’est une grande fierté pour toi ?
« Oui, quand je vois que ma fille et mon fils font des likes sur mes vidéos, ça me rend fier. Et puis, quand je vois que près de 50 000 personnes me suivent sur TikTok et autant sur les autres réseaux, que certains posts font 1,5 million de vues, ça fait plaisir. »
Parle-moi des réseaux sociaux, c’est utile ou non pour les artisans ?
« Justement, j’ai déjà fait une vidéo à ce sujet (voir ci-dessous).
La vidéo permet à l’artisan de montrer ses chantiers, de montrer comment il travaille, montrer qu’il maîtrise certains techniques, montrer son application à faire de belles finitions, à garder un chantier propre, etc.
On peut commencer simplement sur Instagram en mettant quelques photos des chantiers avant et après. Cela permet de montrer qu’on est une entreprise active, dynamique, sérieuse, qui travaille proprement et qui a de beaux chantiers. Cela va rassurer les clients potentiels.
Cela nous aide à présenter nos devis et rassurer les clients. Les réseaux sociaux m’aident à mieux vendre mes prestations. Quand je dois expliquer les travaux à réaliser chez eux, je leur montre mes vidéos. Certains les ont même déjà vues et ils me disent « Oui, je sais, j’ai vu ça dans telle vidéo ! »
Parle-moi de tes clients
« Actuellement, on travaille dans un immeuble situé dans le centre d’Albi. Il m’a appelé après avoir vu la vidéo de Rachel et Émilien. Mais là, c’était lui, le client, qui était tout timide ! Il était troublé, gêné face à moi, car il m’avait vu dans cette vidéo. »C’est un peu comme s’il s’était retrouvé face à George Clooney !
« Exactement, sauf que moi je ne suis qu’un petit artisan, ça fait dix ans que je fais les courses au même endroit et je n’ai pas de Ferrari (rires). » Est-ce que tu as deviné quels étaient les auteurs des différentes citations dans cette interview ?
« Oui, je crois que c’est Jean-Pierre Laherre et Cédric Prats. Je passe toujours de bons moments avec eux, souvent sur des tournages d’ailleurs. »Bravo, tu as deviné.
Parle-moi de tes collègues et amis connectés dans le bâtiment
« J’aime beaucoup les vidéos et les photos faites Cédric, le 7ème ARTisan (ndlr : elles illustrent cet article). Jean-Pierre m’impressionne, grâce à sa simplicité et son humour, il a souvent su me mettre à l’aise dans des vidéos.
Vazili Lou Bricoleur sur TikTok est vraiment très fort et il a beaucoup d’humour, j’ai croisé plusieurs fois Maurad alias Kom1pro de Montpellier, il est adorable, je suis fan de Manu Michaud et des aventures de sa Grande Maison, j’apprécie le travail et la personnalité de Mouss Saada, évidemment comment ne pas citer l’extraordinaire Stéphane Aria, il est simple, accessible et il mérite amplement son Ze Awards, Nicolas alias l’électricien préféré est excellent dans son travail et ses publications. »
Parle-moi de tes outils et des matériaux que tu utilises
« Quand j’ai commencé, on m’a volé mon fourgon avec tous mes outils. Depuis, je n’utilise que des outils BOSCH, les électroportatifs notamment. Ludo aussi qui travaille avec son camion et ses propres outils utilise les outils BOSCH. Sur la longévité, ils sont imbattables. On a des visseuses depuis au moins 6 ans qui fonctionnent encore à la perfection. Pourtant, on les utilise tout le temps et elles ont souffert.
Dans les outils spécifiques aux jointeurs, comme les boîtes de finition, les équipements airless et les bazookas. Nos marques préférées sont COLUMBIA, GRACO et MONDELIN. »
Le gâteau d’un chef pâtissier !
« Quand on livre un chantier, ces outils sont indispensables pour avoir un rendu impeccable et rectiligne.
Je compare ça au gâteau d’un chef pâtissier.
Le gâteau d’un apprenti ne sera pas aussi beau que celui du chef pâtissier qui a 20 ans d’expérience et un savoir-faire inégalable.
Rien ne dépasse, tout est précis, tout est nickel, il n’y a aucun défaut. Le visuel d’un chantier comme celui d’un gâteau doit être beau à regarder, il doit satisfaire immédiatement le client.
C’est souvent le niveau de finitions qui fait la différence.
Un client qui a investi plusieurs dizaines de milliers d’euros doit en avoir pour son argent. Il doit avoir l’impression que le rendu final de son chantier sorte tout droit d’un magazine de déco.
C’est comme le gâteau que l’on voit en vitrine des boutiques des grands pâtissiers. »
Dans un gâteau, il y a de bons ingrédients. Parle-moi des ingrédients que tu préfères… sur tes chantiers évidemment. !
« Pour les finitions, on utilise l’enduit SOFEC Expert Joint, pour le ratissage, ça sera l’enduit SOFEC Expert’Liss. Sur des chantiers plus petits, on utilise des enduits à prise très rapide SEMIN. »
Est-ce que le plaquiste a sa tenue, comme le pâtissier aura son tablier et sa toque ?
« Oui, j’adore la marque LE BOSSEUR. Ils ont même des sweats qu’on pourrait porter dans des soirées. Ce sont des vêtements de qualité et à l’épreuve des travaux d’un plaquiste. »
Ton interview Yann ressemble au générique final d’un film. En dehors de l’histoire, la tienne, il y a un scénariste et réalisateur, c’est celui qui interviewe, il y a un directeur de la photo, c’est Cédric Prats, il y a un rôle principal et d’autres personnages, mais aussi les clients, ce sont les professionnels du bâtiment que tu cites, et il y a même le créateur des costumes ! Sans oublier Claudine Martinez, directrice l’agence Tokster qui tient le rôle de la productrice et du sponsor. Elle choisit les projets, elle met le budget et elle assure sa promotion aussi notamment grâce aux newsletters. Il ne manque que la bande orginale.
On appelle ça du storytelling.
Parle-moi de la rénovation énergétique
« Ce sont les clients qui arrivent avec des idées précises sur ce sujet. Par exemple, ils nous demandent de mettre un isolant avec de la fibre de bois. Mais c’est encore rare et souvent plus onéreux. On utilise beaucoup l’isolant d’origine végétale URSA PUREONE. J’avais fait une démonstration de ce produit dans une émission présentée par Estelle Denis pour Point. P.
On aimerait être mieux informé à ce sujet. Quand j’ai besoin d’infos techniques, je prends contact directement avec les industriels. Par exemple, hier j’ai appelé Charles Derrien de SINIAT. On utilise beaucoup de plaques de plâtre SINIAT. »
Parle-moi de Graulhet
« J’ai passé mon enfance à Graulhet. J’ai énormément de bons souvenirs. J’avais un oncle qui louait des kartings, j’aimais déjà bien la mécanique. Avant de travailler dans le bâtiment, j’ai fait un BEP et CAP mécanique auto. J’ai travaillé dans un centre auto à Castres. »
C’est une passion que tu partages avec d’autres artisans du bâtiment comme Mouss Saada et Stéphane Aria. Stéphane en parle dans cet article : « L’interview d’un Zèbre ».
C’est Christian Bastié, un expert de l’XPS, qui m’a parlé de Graulhet récemment. Tu avais d’ailleurs lu et réagi à cette interview. Il a même un autre point commun avec toi, car vous avez bossé tous les deux dans un abattoir ! Il m’a aussi avoué qu’il s’est parfois bagarré dans son quartier. Est-ce que tu étais plus calme ?
« Oui, je n’ai jamais éprouvé le besoin de me bagarrer ! Je me rappelle de l’histoire d’un gars dans mon LEP qui venait d’un village voisin. Il était extrêmement maladroit quand il parlait. À tel point que des personnes de Graulhet et de Toulouse l’attendaient à la sortie pour lui flanquer une raclée. Quand j’ai su ce qui allait se passer, je suis allé voir un grand du quartier que je connaissais bien pour lui expliquer qu’il n’était vraiment pas méchant. Il est intervenu pour calmer tout le monde et tout s’est bien passé. »
Parle-moi de ta passion en dehors du bâtiment et de la mécanique. Est-ce que c’est la pâtisserie ? (rires)
« Parfois, on passe des semaines très stressantes et j’ai besoin de me changer les idées. Alors, j’aime bien passer de bons moments avec mes amis. L’amitié, c’est vraiment important pour moi. Le week-end, j’aime bien faire des balades en deux-roues.
Avec ma fille, je viens de reprendre la boxe et on essaie aussi de courir au moins 10 kilomètres par semaine. J’aimerais retrouver la forme que j’avais il y a 5 ou 6 ans.
Dans la vie d’artisan, on vit de très belles choses, mais c’est aussi beaucoup de stress, par exemple quand il y a du retard sur des chantiers. Le sport, c’est une grosse soupape (il reste dans le vocabulaire de la mécanique) de décompression. »
Et les gâteaux ? (rires)
« Non, je suis très mauvais en pâtisserie. En revanche, ma fille de 11 ans commence à se débrouiller et elle prépare de bons gâteaux.
Je suis en admiration quand je vois des pâtissiers à la télé. Je m’en inspire pour mon travail. »
On va conclure avec ce conseil pour tous les plaquistes de France : imaginez que votre chantier soit comme le gâteau d’un chef pâtissier. Vos chantiers deviendront les plus beaux de France !
Merci Yann.
Je vous invite à suivre Yann Cardona sur ses comptes Instagram, TikTok, Facebook, YouTube et sur son site web.