Caroline Semin a eu une idée formidable en lançant le premier trophée des femmes du bâtiment : « Les Talentueuses ». Comment et pourquoi ? Caroline, confortablement installée dans un café près de chez elle à Metz, nous dit tout sur cet évènement (et bien plus) dans cette interview exclusive pour Tokster.
122 talentueuses !
Caroline, dans une précédente interview, il y a presque 2 ans, on parlait de mettre en valeur le travail des femmes dans le bâtiment et tu me disais : « C’est un sujet sur lequel nous travaillons avec nos équipes… » Est-ce que les talentueuses étaient déjà dans les cartons ?
« Oui, on en parle en interne depuis environ deux ans. »
Comment est née l’idée des talentueuses, ce premier trophée des femmes du bâtiment ?
« L’idée est née pendant un voyage en Pologne. J’ai rencontré Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia. Elle avait organisé un concours pour valoriser des femmes ingénieures dans le domaine de l’énergie. Dans ce secteur, comme dans le bâtiment, il y a très peu de femmes. C’est une personne que j’admire et j’ai trouvé son idée formidable. Je me suis dit qu’il faudrait faire ça dans le bâtiment. »
Quels sont les objectifs des talentueuses ? Je précise que Zepros fait partie des partenaires de ce concours.
« L’objectif principal est de mettre en avant le parcours de femmes remarquables dans le secteur du bâtiment. On veut donner des exemples pour montrer que ces métiers sont aussi accessibles aux femmes. Et qu’elles peuvent s’épanouir et s’éclater (rires) sur les chantiers.
On a envie d’attirer de plus en plus de femmes dans ce secteur. »
Et les talentueuses vont inspirer d’autres femmes, j’en suis sûr. Combien de femmes se sont inscrites ?
« On a eu 122 candidatures ! Je suis ravie d’avoir autant de femmes. Il y a la quantité, mais aussi la qualité. Comme c’était une initiative de Semin, j’avais peur qu’on se limite aux métiers liés à nos activités comme la plâtrerie et la peinture. Ce n’est pas du tout le cas, on a reçu des candidatures très variées : des ébénistes, des couvreuses, des femmes qui ont créé des centres de formation dans les métiers du bâtiment, d’autres des start-up sur les rénovations énergétiques. Je voulais vraiment que toutes les filières soient représentées pour parler du bâtiment dans son ensemble. L’objectif est atteint. »
De notre côté avec Tokster, on apporte aussi notre pierre à l’édifice en faisant de plus en plus d’interviews de femmes dans le bâtiment. Que penses-tu de ces interviews ?
« Je trouve ça génial, ça va dans le même sens que les talentueuses. Il y a moins de 2% de femmes sur les chantiers, donc c’est important de susciter des vocations. C’est en voyant ces femmes qui ont réussi, qui aiment ce qu’elles font, qui réalisent de belles choses, qu’on va donner envie à d’autres femmes de s’y intéresser et de se lancer à leur tour.
Et puis, cela permet aussi de valoriser les métiers du bâtiment. »
J’ai beaucoup aimé ton intervention à l’évènement « éclairage » organisé par Zepros et je n’étais pas le seul. J’avais justement invité des artisanes connectées qui aiment partager leur quotidien sur les réseaux sociaux comme Cindy Plumbs, Hilanie Rousseau et Saly. Je peux même t’avouer qu’elles ont une certaine admiration pour toi. Bien sûr, parce que tu es une femme, mais pas seulement. Hilanie a précisé « parce que tu es une femme ambitieuse ». Est-ce que cette reconnaissance te fait plaisir ? Quelles sont tes ambitions ?
« Oui, ça me fait vraiment plaisir. En plus, j’adore suivre Hilanie sur les réseaux sociaux au quotidien. Donc, ça me touche particulièrement.
C’est bien d’avoir de l’ambition, de l’assumer et de ne pas avoir peur de l’affirmer haut et fort. Moi, j’ai eu de la chance de reprendre la boîte familiale. On est d’ailleurs dans un tournant. On a la volonté de se développer aussi dans le secteur de l’isolation. C’est un nouveau métier pour nous. On va commencer à communiquer sur cette grande nouveauté dès aujourd’hui (ndlr : l’interview a eu lieu le 12 avril). On a fait aussi entrer de nouveaux partenaires financiers pour accélérer la croissance du groupe. Cela fait pas mal de changements en quelques mois.
L’objectif, c’est de développer les différentes solutions Semin, en plus de l’enduit qui reste notre cœur de métier, en proposant des isolations biosourcées et écosourcées. C’est une ambition très forte pour nous et un axe de développement important dans les années à venir.
On a racheté une entreprise en début d’année. C’est une très belle entreprise qui existe depuis 3 générations, spécialisée dans la fabrication d’isolants biosourcés et écosourcées pour l’intérieur des bâtiments. C’est un vrai challenge, hyper motivant pour nous, qui ouvre de belles perspectives. Ça me passionne, car on parle de différentes matières comme les fibres végétales, les textiles recyclés et revalorisés. Ça entre dans la démarche RSE Semin de façon concrète avec des développements de produits en cours. »
Les talents de Caroline Semin
Revenons aux talentueuses. J’aurais deux questions. La première : quels sont les principaux talents des femmes du bâtiment ?
« Elles en ont beaucoup. La première, c’est oser. C’est un milieu où il y a tellement peu de femmes, qu’il faut forcément oser. Ensuite, c’est la passion qui les anime. C’est vrai aussi pour les hommes. La différence, elles le font souvent dans le relationnel, dans la capacité à interagir avec les clients, d’envisager les choses et de donner des conseils. Elles ont une approche parfois différente de celle des hommes. C’est, je pense, une vraie plus-value. »
Je confirme ton impression. Je vais citer l’exemple du couple Mehdi et Saly. Dans une récente interview, Saly m’explique qu’elle est très forte dans le relationnel. Elle apporte aussi sa touche, car elle fait la partie décoration des rénovations.
« C’est génial, car ils sont complémentaires. Ils peuvent proposer une solution globale aux clients. Bravo à eux. »
Pour faire passer un message, il n’y a pas de meilleur moyen que de montrer l’exemple. C’est d’ailleurs l’un des objectifs que tu cites en parlant des talentueuses. Alors, voici ma deuxième question à ce sujet : quels sont les talents reconnus et cachés de Caroline Semin ?
« Les miens ? (rires puis un long silence) Je pense que je suis une bonne communicante. J’aime bien aller vers les autres, c’est assez naturel pour moi. Et puis, mon ambition, mon envie d’aller toujours plus loin et d’embarquer mes équipes avec moi. Je tiens ça de mon père, car il est déjà comme ça et je l’admire pour ça. C’est ce qui nous anime tous les deux. »
J’ai un témoignage qui confirme cela dans la question suivante. Mais avant, j’aimerais bien connaître un de tes talents cachés ?
« La tarte aux abricots ! C’est la recette de ma grand-mère. Je fais moi-même la pâte sablée. J’adore ça. »
Et tu ajoutes des abricots du jardin ?
« C’est encore mieux. Mais pas à Metz, plutôt sur la Côte d’Azur. Je les trouve quand je vais en vacances à Sainte-Maxime. Les abricots du sud sont un peu acides, ils sont bien meilleurs pour la tarte. »
Dans son interview, Dylan Touzé a voulu mettre en avant deux de tes qualités : « une chef d’entreprise très humaine » et « Elle a une passion pour son métier hors norme. » Et toi Caroline,que penses-tu de Dylan ?
« Dylan est l’une de mes plus belles rencontres de ces dernières années. Je me souviens très bien du jour où je l’ai rencontré. C’était au salon Artibat, il avait un pull avec le logo Semin.
Il m’impressionne parce qu’il est très jeune bien sûr, parce qu’il est passionné et pour son professionnalisme. Un exemple parmi tant d’autres, il fait des tableaux Excel pour optimiser ses performances sur les chantiers. Il a des étoiles dans les yeux. Franchement, je n’en connais pas deux comme lui. Quand Thierry, mon directeur commercial m’a parlé de Dylan, il m’a dit « c’est un extra-terrestre ! » ».
Le jury des talentueuses
On remarque sur les réseaux sociaux que des artisans comme Dylan, mais aussi Ludovic Szczepaniak , Luc Rersa, Loïc Petit, les jointeurs Rosas, et j’en oublie, aiment porter les couleurs de Semin. C’est une belle marque de reconnaissance.
« C’est une grande fierté, car ce sont eux qui appliquent nos produits sur les chantiers. Cette reconnaissance est valorisante pour Semin. Ce sont les plus beaux compliments quand des artisans me disent : « j’utilise tes produits au quotidien, ils sont agréables à travailler, ils me font gagner du temps, etc. ». »
Est-ce que tu te souviens d’une publication de Luc Rersa qui avait dessiné un cœur dans un pot d’enduit ?
« Oui, j’avais adoré son post. Je me souviens aussi des Jointeurs Rosas qui avaient reproduit sur un plafond une grille du jeu du morpion avec des croix et des ronds. J’avais trouvé ça original. Ça nous change des communications traditionnelles, c’est jeune et sympa. »
Même si l’interview porte essentiellement des talentueuses, j’ai tenu quand même à citer Dylan et quelques jointeurs masculins. Car comme tu le disais dans notre précédente interview : « Plus de mixité, c’est plus de performance ! »
« C’est aussi pour ça que le jury des talentueuses est composé de 50% de femmes et 50% d’hommes. »
Justement, tu as un cast impressionnant pour le jury des talentueuses. J’ai noté que notre ami Jean-Pierre Laherre était présent. Et puis, il y a aussi une artisane, Karolänn Bapté Traversac, que je suis sur Instagram, qui est la marraine de cette première édition. Pourquoi l’as-tu choisie ? Est-ce que tu peux me parler d’elle ?
« Moi aussi, je la suis de près sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les catalogues de décoration où ces réalisations sont mises en avant, et j’étais ravie qu’elle accepte ma proposition d’être la marraine de cette première édition. Elle fait vraiment de magnifiques chantiers dans lesquels elle sublime les matières qu’elle utilise comme la chaux, le béton ciré et les enduits décoratifs.
C’est aussi quelqu’un que j’admire humainement. Elle est humble, elle ne se prend pas la tête et elle aime communiquer sur ce qu’elle fait. Elle arrive à toucher le grand public, parce que la décoration, ça attire l’attention et ça plaît à tout le monde. Grâce à elle, on arrive à communiquer sur le bâtiment de manière large, pas simplement les professions du bâtiment. »
Tu as raison, c’est positif pour améliorer l’image de marque du bâtiment et attirer de jeunes talents.
Semin ne distribue pas seulement des prix, mais en reçoit aussi fréquemment. Hier dans un post, tu écrivais que tu étais fière d’avoir reçu le trophée d’Or de la catégorie made in France du Sommet des Entreprises de Croissance. Est-ce que tu veux commenter cette déclaration ?
« C’est une belle reconnaissance pour nos équipes. En plus, dans une catégorie qui compte pour Semin, le made in France.
J’ai reçu notre prix en même temps que l’entreprise Daan Tech située en Vendée, les fabricants de « Bob », le mini lave-vaisselle made in France utilisable sans arrivée d’eau. Leur but est de relancer l’industrialisation de l’électroménager en France. J’étais fière d’être à côté de « Bob » pour recevoir ce prix. »
Le 15 juin prochain à Paris, les talentueuses seront à leur tour très fières d’être à côté de Caroline Semin pour recevoir l’un des prix dans les six catégories de ce premier trophée des femmes dans le bâtiment
Lors de notre rencontre à Batimat sur le stand Semin, tu m’avais déclaré :
« Mon rêve perso ? C’est tout simplement d’être heureuse en famille, de fonder une famille. Et puis, profiter des petits bonheurs au quotidien. »
Tu es sur le point de réaliser ce rêve (ndlr : Caroline sera bientôt maman) et je suis très heureux pour toi.
J’ajoute une chose : quand j’interviewe des garçons, souvent il y a un moment dans leurs réponses où ils parlent d’un évènement qui a changé leur vie (comme Jacques Sabater qui vient de créer une nouvelle startup, Binôme et le plombier Romain, le petit plombier à vélo), d’ailleurs c’est la même chose pour moi. Cet évènement, c’est la naissance de leur fille.
Comme quoi, nous les hommes, on a bien conscience que les femmes sont l’avenir du monde, et en l’occurrence, du monde du bâtiment. Alors Caroline, un grand bravo pour « Les Talentueuses ».
« Wow, c’est beau Denis. Merci beaucoup, ça me touche. C’est une très belle conclusion. »